Deux roues et équipements de la route : faut-il faire plus, faut-il faire mieux ?

En 2012, on comptait 3.8 millions de 2 roues motorisées face à 38 millions d’automobilistes en France. Si les deux roues représentent seulement 20% du trafic en heures de pointe, ils représentent aussi 22% des tués sur la route. Plus vulnérables, les deux roues ont besoin d’infrastructures adaptées pour circuler en toute sécurité. De l’aménagement des équipements de la route au dialogue avec les pouvoirs publics, cette table ronde a dressé des pistes d’amélioration pour la sécurité routière des deux roues.

 

Des anomalies identifiées

Les défauts d’aménagement constituent un facteur de risque majeur pour les usagers des deux roues.

Parmi les anomalies les plus courantes, on relève la mise en place de chicanes avec des objets durs (comme des bacs à fleurs), la présence de gravillons ou de plaques métalliques dans les virages, ou encore du marquage au sol glissant qui favorise les chutes. « L’ensemble de nos recommandations sur les orientations à donner aux aménagements a été regroupé dans un guide, élaboré il y a quelques années avec le CEREMA. Ce document existe, mais il n’est malheureusement pas appliqué » explique Marc Bertrand, Chargé de mission Sécurité Routière à la FFMC. Christophe Ramond, Directeur études et recherches à l’Association Prévention Routière, fait le même constat : « Il n’existe pas, actuellement de cahier des charges, ni d’obligation d’audit dans la gestion, la conception et l’entretien des routes ».

 Sensibiliser les élus pour adapter les aménagements

 Marc Bertrand déplore aussi la communication anxiogène faite autour des deux roues : « Les pouvoirs publics ont tendance à focaliser le problème des deux roues sur la vitesse. « Vous roulez trop vite » est le message que l’on entend trop souvent ».  Pour sensibiliser les élus et les aménageurs sur la prise en compte des deux roues dans l’aménagement des infrastructures, la FFMC organise chaque année l’opération « Motard d’un jour ».  En invitant des maires à circuler en moto, cette journée permet de mettre en lumière les difficultés rencontrées au quotidien par les usagers des deux roues.

 Co-construire les aménagements avec les pouvoirs publics

 Autre constat unanime : les urbanistes et les architectes semblent peu sensibilisés à la prise en compte des deux roues lors des projets d’aménagement. Avec la difficulté supplémentaire d’identifier les bons interlocuteurs au sein des collectivités locales pour faire entendre la voix des usagers des deux roues motorisées. Pour l’ensemble des intervenants, les projets d’aménagement routiers devraient être menés en collaboration avec les motards : ils pourraient ainsi apporter leur regard sur les projets envisagés et préconiser très en amont des améliorations en termes de sécurité routière.

 Engager un « contrôle technique » des routes

 Jean-Pierre Naffetat, du Syndicat des Equipements de la Route, a rappelé que la sécurité routière se base sur un triptyque : le comportement des usagers, l’équipement du motard et la qualité des infrastructures routières. Si les conducteurs sont de mieux en mieux formés, si l’équipement des motards a progressé, il reste un travail important à mener sur la qualité des infrastructures. La solution consisterait à mener un audit des routes départementales, pour vérifier l’état des routes et de ses équipements : « On impose un contrôle technique sur les motos, alors qu’il n’y a pas de contrôle technique sur les infrastructures ». Plus largement, Jean-Pierre Naffetat préconise la création d’un organisme indépendant, capable de porter la vision des usagers des deux roues : « Il faudrait engager un audit national et vérifier l’état des routes, comme il existe le GRA qui contrôle les autoroutes concédées. »  Une vision partagée également par Marc Bertrand de la FFMC : « De la même manière que l’on a aménagés des espaces accessibles pour les PMR, on doit prendre en compte les contraintes des usagers de deux roues. Ces aménagements n’enlèvent rien aux valides, et ils sont précieux pour les personnes handicapées ».  

 

  Pour en savoir plus :

 http://www.ffmc.asso.fr/

https://www.preventionroutiere.asso.fr/