Réseau ferroviaire, réseau routier : la politique de maintenance doit être une priorité

L’épisode malheureux du week-end dernier en Gare Montparnasse a fait ressurgir une nouvelle fois  la question de l’entretien du réseau ferroviaire français.

Derrière la panne de signalisation qui a pénalisé des milliers de voyageurs, se pose la question plus large de l’obsolescence évidente de nos infrastructures de transport. On le sait, le réseau ferré français est plus que vieillissant. Et le réseau routier subit le même sort.

Depuis plusieurs années, les professionnels du monde de la route alertent régulièrement les pouvoirs publics sur les conséquences désastreuses du manque d’entretien des infrastructures routières. Sur les routes départementales et communales, en particulier, des pans entiers du réseau sont laissés à l’abandon : nids de poule, chaussées déformées, signalisation vétuste, marquage au sol absent ou effacé …. A l’heure actuelle, une route sur deux en France ne dispose pas de marquage au sol, et 30 à 40% des panneaux de signalisation ont dépassé leur durée de vie. La majorité des panneaux de signalisation ont entre 15 et 25 ans, alors qu’ils sont conçus pour garantir une performance optimale pendant 7 à 12 ans. L’obsolescence des infrastructures routières a un impact évident sur la fluidité et la mobilité des usagers mais aussi sur leur sécurité : près de 50% des accidents mortels impliquent l’absence ou le mauvais état de l’infrastructure (route, équipements, environnement).[1]

L’obsolescence non programmée du réseau routier français

Le débat récurrent sur la vétusté de nos infrastructures de transport devrait alerter l’Etat sur la nécessité de prendre rapidement les mesures nécessaires pour maintenir un patrimoine routier vital pour notre économie. Il devient plus qu’urgent d’engager au plus vite une véritable politique de maintenance du réseau routier au niveau national, en lien avec les collectivités locales. Ces mesures doivent commencer par la réalisation d’un audit précis du réseau, afin d’identifier les zones à risque et à traiter en priorité. Les compétences et les solutions techniques existent pour ausculter le réseau routier : qu’attendons-nous pour les mobiliser ?   

Remplacer coûte plus cher que d’entretenir

La question du financement est souvent le prétexte pour reporter constamment les décisions qui s’imposent. En attendant, le réseau routier continue de se dégrader, tout comme les budgets qui y sont dédiés. Dans son rapport d’information publié en Mars 2017, le Sénateur Hervé Maurey, alertait également sur le désengagement financier de l’Etat  (les crédits de l’Etat consacrés à l’exploitation et à l’entretien du réseau routier national sont passés de 500 M€ en 2009 à 300M€ en 2012) et la situation préoccupante du réseau routier français. Dans ce domaine, le Syndicat des Equipements de la Route ouvre régulièrement le débat avec des élus, des économistes des transports et des professionnels de la route pour formuler des propositions viables pour tous. Ces différents échanges mettent en lumière qu’il existe des solutions économiques concrètes pour financer l’entretien du réseau, partant d’un principe simple et partagé que « remplacer coûte plus cher qu’entretenir ».

Au-delà de la question essentielle du financement, il faut aussi une ambition politique forte pour mener à bien ce chantier vital pour la mobilité et la sécurité des Français. Il faut déjà considérer que la route est un patrimoine à préserver et qu’elle constitue un véritable potentiel économique pour notre pays. Lors de la conférence nationale des territoires le 17 juillet dernier au Sénat, le Président Macron a annoncé la création d’un Conseil d’orientation des infrastructures de transport. La mise en œuvre d’une politique de maintenance des infrastructures routières programmée, soutenue et cohérente devra être une priorité majeure de cette nouvelle instance.

 

Aly ADHAM

Président du Syndicat des Equipements de la Route

 

[1] Source : Résultat des 20 000 enquêtes REAGIR menées par les Inspecteurs Départementaux de la
Sécurité Routière (IDSR) entre 1983 et 1991

 

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